Le média web indépendant Ricochet lance une campagne de sociofinancement pour faire face à une poursuite en diffamation déposée par le chroniqueur et animateur Richard Martineau.
M. Martineau réclame 350 000 $ en dommages et intérêts à Ricochet, au chroniqueur Marc-André Cyr et au caricaturiste Alexandre Fatta pour le texte Notice nécrologique: Richard Martineau (1961-2016) publié en février dernier, pour les illustrations qui l’accompagnent et pour une série d’autres textes jugés diffamatoires.
Par le biais de la campagne de sociofinancement, la cofondatrice de Ricochet, Gabrielle Brassard-Lecours, espère récolter 50 000 $ qui serviront à couvrir les frais juridiques associés à cette poursuite et assurer, du coup, la survie du journal indépendant.
Dans la poursuite déposée le 11 novembre en Cour supérieure, les avocats de M. Martineau font valoir que MM. Cyr et Fatta ont «dépassé les limites de la liberté d’expression et du simple débat d’idées» en «glorifiant la mort» de M. Martineau.
Ils ajoutent que les propos et les caricatures publiés dans Ricochet «constituent une incitation à la haine» et une «atteinte intentionnelle à la réputation (de M. Martineau), à son honneur, sa dignité et son intégrité».
Sur un ton cinglant, Marc-André Cyr recense, dans cette chronique, les étapes marquantes de la carrière de M. Martineau, en partant du postulat que celui-ci est décédé.
On peut, entre autres, y lire: «Sa dépouille sera exposée aux coins des rues Sainte-Catherine et Saint-Laurent, à Montréal. La pluie, le vent, les chiens et les oiseaux auront la chance de transformer ces restes en une oeuvre rendant hommage à l’infinie profondeur de la bêtise humaine.»
Dans les caricatures d’Alexandre Fatta qui accompagnent le texte, on peut notamment voir Dieu qui jette la dépouille de M. Martineau à la poubelle.
En entrevue à La Presse canadienne, Gabrielle Brassard-Lecours rétorque que le texte de Marc-André Cyr est une satire «qui utilise l’humour pour décrier certains concepts».
Elle ajoute que le texte ne comporte «aucune attaque personnelle» et que M. Cyr s’en prend plutôt aux idées de M. Martineau. «C’est sûr qu’il est allé loin, convient-elle, mais pas plus loin, par exemple, que ce que M. Martineau peut faire en tenant certains de ses propos. Et, en plus, on a utilisé l’humour pour le faire.»
Mme Brassard-Lecours soutient que Richard Martineau ne peut prétendre être un citoyen comme les autres et «qu’à titre de personnalité publique, il s’expose à la critique».
La survie de Ricochet, qui évolue dans le paysage médiatique québécois depuis deux ans, est en jeu, selon elle. «La démarche de M. Martineau nous semble disproportionnée et pourrait créer un dangereux précédent pour les libertés de presse et d’expression au Québec», laisse-t-elle tomber.
Richard Martineau a déclaré, par le biais de son compte Twitter, qu’il ne commentera pas la procédure judiciaire en cours.